Robert Badinter s’était inscrit au barreau de Paris en 1950 après des études de droit suivies entre la France et les États-Unis. Il débuta sa carrière aux côtés de l’avocat et homme politique Henry Torrès, son mentor auquel il rendra hommage dans plusieurs de ses livres. Quinze ans plus tard, il s’associa avec Jean-Denis Bredin pour fonder son propre cabinet, Badinter Bredin et Partenaires.
Mais sa carrière professionnelle, ponctuée de procès médiatiques qui font de lui un pénaliste de renom, fut marquée à partir des années 1970 par son engagement dans la lutte contre la peine capitale – notamment par ses plaidoiries de défense de Roger Bontems en 1972, et de Patrick Henry en 1977. De même il se fit régulièrement, par son métier d’avocat, le défenseur de la mémoire de la Shoah. En 1996, Robert Badinter cessa définitivement d’exercer après 45 années passées au barreau de Paris, et devint dès lors avocat honoraire.
Parallèlement à son exercice professionnel, Robert Badinter poursuivit une carrière universitaire : docteur en droit en 1952, il passa l’agrégation de droit privé en 1965, ce qui lui permit d’enseigner successivement dans les universités de Dijon, Besançon, Amiens, et Paris I.
L’année 1981 marqua le début de ses activités politiques, avec son entrée au gouvernement comme Garde des Sceaux et ministre de la Justice. À ce poste, il porta l’abolition de la peine de mort, mais aussi la suppression de certaines juridictions d’exception, le développement des peines non-privatives de liberté pour les délits mineurs, la dépénalisation de l’homosexualité, l’indemnisation des victimes d’accidents de la route, ou encore l’ouverture du recours à tous les justiciables auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme. Profondément attaché à la liberté des avocats, il renforça l’indépendance dans les principes essentiels de notre profession et dans notre serment.
En 1986, il fut nommé président du Conseil constitutionnel pour un mandat de neuf ans. Puis, de 1995 à 2011, il fut élu sénateur des Hauts-de-Seine pour deux mandats consécutifs.
Il s’illustra aussi à l’international, notamment comme président, de 1991 à 1993, de la Commission d’arbitrage pour la Paix en Yougoslavie, ou encore à partir de 1995 comme président de la Cour européenne de conciliation et d’arbitrage.
Seul ou avec son épouse la philosophe Élisabeth Badinter, Robert Badinter fut aussi l’auteur de nombreuses publications qui, par la diversité des thématiques abordées, montrent l’étendue de son érudition. Se côtoient ainsi dans son œuvre des ouvrages de droit, d’histoire, des récits autobiographiques ou encore des livrets de théâtre et d’opéra.
Par son action et ses multiples engagements toute sa carrière durant, et par son inlassable attachement aux libertés fondamentales et aux droits de la défense, Robert Badinter a été un modèle et une source d’inspiration pour plusieurs générations d’avocats.
Il a plus largement marqué l’histoire française du XXe siècle.